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Le tourisme peut constituer un appoint appréciable dans l’économie de ces zones

Khodir-madani-el-watan-24-dec-2018
Dans cet entretien le professeur Khodir Madani de la faculté des sciences de la vie à l’université de Béjaïa plaide pour le placement de la recherche scientifique au centre du dispositif du développement de l’agriculture de montagne de manière à lui donner des missions d’archivage de la connaissance acquise. Il appelle aussi à faire de l’agrotourisme une filière d’intégration entre l’agriculture et les forêts.

– Où en est le développement de l’agriculture de montagne à la lumière de ce qui se fait ?

L’agriculture de montagne fut dans un passé récent une agriculture vivrière et très diversifiée (animale et végétale) hélas pour des raisons d’une histoire coloniale (culture intensive en plaine) de transition économique de changement de mode de vie et de l’abandon du travail de la terre les produits de l’agriculture de montagne sont devenus un luxe pour le citoyen lambda.

Un regain d’intérêt de la part des pouvoirs publics à travers la politique agricole et rurale a permis la relance de l’agriculture de montagne à partir des spécificités régionales. Statistiquement la production de l’agriculture de montagne en Algérie est d’environ 15% de la production nationale l’élevage et l’agriculture sont les principales activités économiques dans ces zones dont la superficie agricole utile (SAU) est de 1 5 million d’hectares soit 16% de la SAU nationale.

– Quelles sont les filières qui méritent l’attention des pouvoirs publics ?

Actuellement les filières favorisées et soutenues sont les celles oléicole apicole et avicole. La filière caprine et cuniculture est fortement encouragée avec une émergence des filières laitières (fromagère caprine). Celle à développer est évidemment l’agrotourisme autour des agricoles spécifiques pour chaque région. Les plantes aromatiques et médicinales offrent aussi une opportunité pour la production des huiles essentielles et des huiles végétales à haute valeur ajoutée. Quelle que soit la filière à développer il faut tenir compte du respect d’un certain équilibre entre la forêt et les zones cultivées tandis que le tourisme peut constituer un appoint appréciable dans l’économie de ces zones.

– Quel apport pour la communauté universitaire ?

La période coloniale où beaucoup de travaux comme ceux de L. Moll sur l’agriculture algérienne ou ceux de René Maire sur les ressources végétales les cahiers de l’INRA etc. restent des gisements d’information extrêmement méconnus par la communauté scientifique bien qu’ils retracent plus de 400 ans de connaissances sur notre territoire. Un petit tour sur googleScholar (une base de données académiques et scientifiques) montre que la communauté scientifique a produit plus de 9500 travaux sur les produits du terroir dont plus de 50% sont des travaux d’excellence.

L’autre remarque est que la recherche scientifique algérienne sur les produits du terroir est devenue visible sur l’internationale pendant la dernière décade montrant le regain de l’intérêt des scientifiques aux produits et sous-produits du terroir soit d’un point de vue agronomique et/ou de transformation agroalimentaire. Par conséquent la recherche scientifique jouera le rôle de celle qui mettra à la disponibilité des utilisateurs la connaissance cognitive et pratique des produits (animale ou végétale) et apportera des solutions à plusieurs niveaux d’intervention (de la terre à l’assiette).

– Qu’en est-il des conclusions de la rencontre de Chemini pour la valorisation des produits du terroir ?

La rencontre de Chemini des 15 et 16 décembre est une première dans les annales algériennes où des scientifiques de 12 wilayas et de trois pays ont exposé (oral et poster) 130 travaux sur toutes les thématiques et axes de recherche sur l’agriculture de montagne. Cette manifestation fut accompagnée par une exposition des agriculteurs et des industriels de la transformation elle fut aussi encadrée par les acteurs administratifs et les élus du peuple ou durant les différents débats les recommandations suivantes ont été émises :

– l’importance d’établir les inventaires des potentialités agricoles pour une agriculture de montagne durable ;

– cartographier par un SIG (Système d’information géographique) les potentialités en produits du terroir pour une meilleure représentation territoriale ;

– le choix des cadres de labellisation et des produits à labelliser devrait être un choix au profit du consommateur algérien et non seulement pour l’exportation ;

– la concession foncière et l’agriculteur un cadre qui devrait être clarifié et réglementé pour le type et la durée d’exploitation ;

– placer la recherche scientifique au centre du dispositif du développement de l’agriculture de montagne en lui donnant des missions d’archivage de la connaissance acquise et de recherche multisectorielle ;

– faire de l’agrotourisme une filière d’intégration entre l’agriculture et les forêts ;

– la sensibilisation et la vulgarisation de l’importance des produits du terroir au niveau de l’éducation nationale et l’implication du milieu associatif ;

– concevoir des formations professionnalisantes pour l’agriculture de montagne.

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